Dominique Schwob se rebelle - Midi Libre

Dominique Schwob se rebelle

Connue pour ses contes, l’auteure nîmoise livre aujourd’hui un polar noir « Les leveurs de peurs ». Histoire d’une colère.

Après les contes pour enfants (dont La grande Yeuse) et un roman historique paru en 2004 (Terre d’Argence), Dominique Schwob revient sur le devant de la scène littéraire, dans un genre tout à fait inédit sous sa plume, un polar. Titré Les leveurs de peurs, ce roman aborde la double peine de la peur et de la colère. « Chacun de nous porte une blessure. Le défi est d’arriver à s’en libérer pour ne pas empoisonner la vie des autres », résume l’auteure, née à Beaucaire et demeurée fidèle à Nîmes et à sa région.

L’enquête débute en 1998. Louis a disparu et sa femme Laure se lance à sa recherche à New York, Central Park, sur la foi d’un message des Leveurs de peurs, une société secrète : ils sont les derniers à l’avoir vu. De fil en aiguille, d’autres rencontres jalonnent cette enquête.

Le passé de Louis entre France et États-Unis remonte à la surface dans une étranger ambiance. Dans une combe de Central Park où la végétation est rebelle à toute transformation par la main de l’homme, officient de multiples et dérangeants personnages. Gourou et sorcières des temps modernes y mixent des potions meurtrières. L’écriture, nouvelle, musicale et ciselée de Dominique Schwob, est rythmée, à la longueur de pages, par des accords de jazz. « Toutes les pièces de ce puzzle correspondent à différentes périodes de mon existence, sourit Dominique Schwob, qui, pour avoir découvert le jazz assez tard, en est tombée amoureuse. Ces musiciens ne sont-ils pas parmi les plus blessés de l’histoire? » Son étonnante connaissance des pouvoirs des plantes est née d’une rencontre envoûtante avec les textes de William Shakespeare. Le poète et dramaturge anglais fut un excellent connaisseur de la nature : il a cité quelque 108 plantes dans Roméo et Juliette. « Pour résumer, l’histoire des « Leveurs de peurs », ce n’est pas autre chose que le combat du bien et du mal et la démonstration que les gens autour de nous ne sont pas toujours ceux que l’on croit », explique la romancière. Un constat qui sert une intrigue, angoissante à souhait. Et d’une noirceur troublante.

Françoise Condotta, Midi Libre

« Besoin de créer en permanence »

Aujourd’hui, Dominique Schwob, qui partage son temps entre ses quatre petits-enfants, reste une artiste prolifique. Celle qui, après s’être essayée à la peinture, entasse depuis des décennies des livres en chantier ou achevés dans ses tiroirs, ne guérit pas du virus de la créativité. « C’est un besoin permanent. Il me semble que je ne peux pas vivre sans l’écriture. »

Elle a d’ores et déjà entamé un nouveau roman qui la ramène dans le sud, en Uzège. « Je recommence. Sans cesse taraudée par la même question, suis-je capable de mener pareil chantier à son terme? » Ses parutions ne la rassérènent pas : un livre édité est derrière elle, seul le prochain l’intéresse et la dévore.